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États généraux de l’information : « Bolloré peut dormir tranquille »

  Par  Alexis Lévrier , Sorbonne Université Grand chantier voulu par Emmanuel Macron, les États généraux de l’information ont mobilisé 22 assemblées citoyennes, 174 auditions, des dizaines de contributions écrites, et ce, pendant 9 mois de travaux. Leurs préconisations ont été remises au président de la République, jeudi 12 septembre. Répondent-elles à « l’urgence démocratique », alors que le journalisme et le droit à l’information sont menacés ? Entretien avec le chercheur Alexis Lévrier. Comment avez-vous reçu les conclusions de ces États généraux de l’information voulus par Emmanuel Macron ? Il s’agit d’une immense déception. Concernant les médias, la seule promesse de campagne du candidat Macron, c’était ces États généraux de l’information (EGI). Ils ont été lancés d’une manière très solennelle, puis de nombreux intervenants de qualité ont participé aux groupes de travail. Le rapport pointe justement une urgence démocratique à protéger et à développer le droit à l’

Il a perdu près de deux millions d’abonnés en deux ans : SFR en difficulté dans la guerre des prix que se livrent les opérateurs

 

SFR

Le temps de la rentrée est souvent celui des promotions et dans un contexte où l’inflation pèse sur le budget des ménages, les opérateurs télécoms rivalisent de créativité pour proposer des offres les plus alléchantes possibles. Dans le paysage numérique français qui compte quatre opérateurs – Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free – le numéro 2 du secteur, SFR, est à la peine depuis plusieurs mois et multiplie les promotions pour endiguer l’hémorragie de ses abonnés tant sur le mobile que sur le fixe (ADSL et fibre).

L’opérateur au carré rouge a simplifié sa gamme, lancé l’offre fibre Starter au prix de 29,99 euros par mois, l’offre fibre Power au prix de 36,99 euros par mois ou l’offre fibre Premium pour 44,99 euros et les moins de 26 ans ont droit à leur propre offre avec une offre box 5G à 29,99 euros au lieu de 39,99 euros sans engagement de durée. Certaines comprennent 6 mois d’abonnement offerts à Netflix ou à Max (avec publicités) ou encore des répéteurs en Wi-Fi pour avoir accès à internet partout dans la maison. RED by SFR est devenu le moins cher sur la fibre.

Mauvais résultats

Mais rien ne semble y faire. Le 29 août dernier lors de la publication de ses résultats semestriels 2024, SFR a annoncé avoir encore perdu des abonnés au deuxième trimestre : 343 000 dans le mobile (après en avoir perdu près de 500 000 au premier trimestre) et 87 000 dans le fixe (ADSL et fibre optique). Lors du deuxième trimestre, la filiale d’Altice a enregistré 46 000 ventes nettes (migrations comprises), très loin derrière les 261 000 nouveaux recrutements d’Orange et les 189 000 nouveaux abonnements de Free. Dans le même temps sur le mobile, Free Mobile a écoulé 120 000 forfaits, Orange 104 000 et Bouygues Telecom 59 000…

Depuis l’automne 2022, plus de 1,5 million de clients ont résilié leur abonnement mobile. Si on y ajoute les pertes dans le fixe, quelque 400 000 abonnés depuis fin 2022, l’opérateur a perdu près de deux millions d’abonnés ! Au 30 juin 2024. SFR compte désormais 19,967 millions d’abonnés mobiles et 6,314 millions de clients box.

24,4 milliards d’€ de dette

Cette chute se traduit par des résultats en berne : le chiffre d’affaires total a diminué de 5,2 % d’une année sur l’autre au deuxième trimestre 2024 à un peu plus de 5 milliards d’euros et l’EBITDA (Bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) de 7,5 % à 1,7 milliard. La dette de SFR continue ainsi de grimper et atteint la somme colossale de 24,4 milliards d’euros.

C’est cette dette-là que Patrick Drahi, le PDG d’Altice, la maison mère de SFR, cherche à renégocier auprès des quelque 150 fonds d’investissement qui lui ont prêté plus de 24 milliards d’euros ces vingt dernières années pour constituer son empire dans les télécoms. Le bras de fer est clairement engagé et les investisseurs n’ont même pas pu demander des comptes lors de la présentation des résultats le 29 août : celle-ci était enregistrée et a duré moins de huit minutes !

Au mois de mai, le groupe avait demandé aux porteurs d’obligations d’Altice France de renoncer à une partie de leurs créances ou d’envisager « des transactions escomptées, qui pourraient inclure des offres d’échange, des appels d’offres ou des rachats » à prix réduits. Autrement dit, il menaçait de ne pas utiliser le produit de ses cessions pour leur rembourser les sommes dues, alors qu’Altice avait annoncé en novembre 2023 la vente de ses centres de données SFR à la banque Morgan Stanley, puis en mars 2024 celle de sa branche média (BFMTV, RMC) au groupe CMA CGM pour 1,55 milliard d’euros. Mais les investisseurs n’en ont pas vu un euro…

Bras de fer

Pour se défendre dans ce bras de fer, les 150 créanciers, essentiellement des fonds d’investissement américains détenant plus des deux tiers de la dette d’Altice France, avaient signé un « accord de coopération », qui devait leur permettre de bloquer toute proposition contraire à leurs intérêts en cas de procédure de restructuration financière ou d’évincer les actionnaires en cas de défaut du paiement de la dette.

Dans ce contexte difficile de dire ce que sera l’avenir de SFR, qui a marqué le paysage télécom en étant souvent pionnier – il a été le premier opérateur à lancer en France la 3G, la 4G puis la 5G. Et en permettant aussi aux Français de bénéficier de prix compétitifs par rapport à nos voisins européens.


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